Marché de l'emploi 2020 : à quoi s'attendre ?
Après une année 2019 record en matière de recrutement des cadres, la pandémie et le confinement laissent place à un climat incertain. Pourtant, les indicateurs de l’emploi restent plutôt bons. Le confinement et la crise sanitaire ont fortement ralenti l’activité des entreprises. Pourtant, nombre d’entre elles ont plus que jamais besoin de muscler leurs effectifs afin de poursuivre leur développement.
Des signes encourageants
Preuve de ce dynamisme : les offres d’emploi redécollent. Une tendance corroborée par diverses plateformes de recrutement comme Qapa, Hellowork ou Mistertemp’group. Ces dernières parlent de “regain spectaculaire”, “de reprise significative après le confinement”… Mi-juin, le ministère du Travail confirmait la dynamique. “Le nombre d’offres d’emploi en ligne publiées du 1er au 7 juin se situe à 86% du niveau pré-confinement”, assurait la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares). À son tour, Pôle Emploi observait la diffusion de plus de 580 000 offres en juin, contre 470 000 en mai et 330 000 en avril.
Une reprise à nuancer
Malgré ces bons indicateurs, la prudence reste de mise. Le nombre d’offres a augmenté logiquement sous l’effet du déconfinement et juin reste traditionnellement un mois chargé en nombre d’offres publiées. “De nombreux projets s’étaient arrêtés avec le confinement, alors que le premier trimestre avait été exceptionnel”, analyse Pascal Leclere, le dirigeant du cabinet de recrutement Potentiel. “Il me paraissait logique qu’il y ait un regain d’activité.”
Un taux de chômage qui reste bas
Souvenez-vous, 2019 fût l’année de tous les records en matière d’emploi des cadres, avec près de 280 000 embauches finalisées. L’Insee avait aussi observé un taux de chômage au plus bas depuis dix ans pour les cadres, à seulement 3,8 %. “On partait sur une année record, presque 300 000 recrutements étaient attendus en 2020. C’était historique et on sera évidemment en retrait par rapport à ces prévisions”, analysait Gilles Gateau dans une interview accordée à BFM Business. “L’Apec a cependant déjà été confrontée dans son histoire à des périodes de marché du travail plus difficiles. Il y a des secteurs qui recrutent, qui ont des besoins. Peut-être qu’il y aura moitié moins de recrutement cette année mais, même si c’est entre 100.000 et 200.000, ce sont entre 100.000 et 200.000 offres qu’il faut saisir. Les entreprises ont besoin de compétences.”
Une certaine confiance que partage Pascal Leclere, notamment pour le second semestre 2020 : “les entreprises étaient dans l’expectative pendant trois mois. Désormais, elles débloquent leurs projets de recrutement.” En particulier en ce qui concerne les cadres et cadres dirigeants.
En quête de profils qualifiés
“Nous observons des besoins pour des postes dimensionnés, pointus, techniques”, constate Pascal Leclere. Direction générale, direction supply chain, DRH, direction marketing… De nombreuses entreprises ont décidé de renforcer des fonctions pour lesquelles elles avaient des faiblesses. Un phénomène qui s’explique par l’envie d’accélérer des transformations d’ampleur (digitales, environnementales…). Le marché de l’emploi cadre possède sa propre dynamique: il est plus structurel que conjoncturel. Plus que la croissance du PIB, c’est bien les capacités d’investissement des entreprises qui donnent le rythme. Et quoi de mieux que l’investissement pour devenir plus agiles après le confinement ? D’autant qu’avec les différentes mesures (PGE, chômage partiel, plans de relance…) annoncées par l’Etat, les entreprises en bonne santé ne s’en priveront pas.
Des fonctions toujours en tension
Presque la moitié des investissements réalisés ces cinq dernières années seraient imputables à la transformation numérique des entreprises, observe la Banque de France. Une dynamique qui a favorisé l’emploi de cadres dans tous les secteurs. Sans oublier les transformations énergétiques et réglementaires. Les entreprises recherchent toujours plus d’experts pour accompagner ces évolutions. Ainsi selon l’Apec, les cinq profils recherchés restent ceux du marketing (22%), de l’informatique (21%), de la finance (14%), de la R&D (13%) ou encore des services techniques (12%). Les besoins restent énormes et nombre d’entreprises ne parviennent pas à recruter.
Peu d’impact sur les salaires
Malgré les incertitudes économiques, les cadres resteront en position de force. Les intentions de recrutement de la part des entreprises augmentent chaque année depuis 2016. “En France, nous manquons de cadres avec des hautes qualifications ou expertises. Dans les PME et les ETI, il y aura toujours des besoins”, estime Pascal Leclere. “Malgré le contexte actuel, si les entreprises doivent licencier, elles tenteront de garder les profils les plus compétents.” Le salaire des cadres avait d’ailleurs augmenté en moyenne de 4% entre 2016 et 2018 et de 6% chez les moins de 30 ans. Si un ralentissement ne serait pas une surprise cette année, les cadres avec un très bon savoir-être et un savoir-faire confirmé resteront en position de force.